Anne Laure Sacriste
Wabi-Sabi



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Ce catalogue accompagne l'exposition monographique d’Anne Laure Sacriste qui a eu lieu au Box à Marseille en 2021.


Le visiteur devra, comme lors de chacune des expositions de Sacriste — nous devrions dire lors de la présentation de ses nouvelles grottes — risquer son regard, et le soumettre non à des énigmes intellectuelles mais sensibles. Il faut insister sur ce mot. Cet art est sensible, non pas qu’il mobilise les émotions, non pas qu’il s’indigne des violences du monde, mais parce qu’il ne cesse d’exciter l’œil. Il ne le laisse jamais en paix, toutes ses capacités sont sollicitées : vision panoramique, regard de détail, surfaces mouvantes, vue en miroir… de près, de loin, en perspective. Sacriste ne laisse pas nos yeux au repos. Même quand, bien consciente que ces toiles sont exigeantes, elle laisse sur la cimaise un espace inoccupé, une toile plus loin fait écho avec ce mur de béton laissé vide. L’organe pourrait s’affoler… mais il ne s’agit pas de brouiller ou d’aveugler, il s’agit de produire chez l’initié un réel plaisir. Ce plaisir, répétons-le, n’est pas de percer un secret, mais de pouvoir voir. L’œuvre de Sacriste, et ses petites peintures où ne figurent que des fragments de corps nus en témoignent, est une invitation au plaisir de la vision. Ce qu’elle nous offre, c’est de ressentir soudain une conscience sensible des possibles du regard. Nous disons « contempler », il s’agit sans doute d’autre chose encore ; ce que l’artiste nous offre, c’est de vivre une expérience sensible individuelle. Sa peinture, entendue comme la totalité des pièces qui composent l’exposition mais aussi toutes celles qui ont précédé, révèle les possibilités du regard. Là est sans doute le paradoxe de cette œuvre, elle est à la fois éminemment sensuelle et fortement spirituelle. En un mot, elle révèle. 

Philippe Artières, 2021
(extrait du texte Anne Laure Sacriste, initier le regard)



Coproduction avec le Fonds M—Arco.
www.m-arco.org