Rodolphe Auté
Bienvenu au bord
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Drôle de livre que
Bienvenu au bord. Décousu le récit, chaotique le débit. Rodolphe Auté, ou plutôt son alter-ego altéré, part dans la forêt. Sa parole va battre. Un errant chargé. Il est sous emprise. Il nous prévient :
« mes pilules vont me faire de l’effet ». La parole va se libérer.
Au bord de la phrase, le sens est palpitant, ainsi qu’on le dit du coeur, lorsqu’il envoie des décharges de sang dans nos parties les plus irriguées. C’est parfois casse-gueule, de se pencher, pour dire ce qu’on voit, ce qu’on veut. Mais dans la tension du sexe, le désir n’est pas pur ni d’ailleurs impur, il glisse, macule, étanche les mots et donne soif.
Il n’y a pas loin de la transe au rêve, dans la
« pénombre de l’orgasme ». Voilà où nous mène ce texte. Cette interzone-là, le terrain de jeu des mots : ce « branle le désir » qui bat, à la frontière de ses phrases et qui caresse, pointe les organes. Ce « sexe tendu vise l’infini », il est le juste étalon : « n’inventé par d’autre organe ». Les mots sont physiques ici, parce que la langue cligne de l’oeil, fait appel. Tend vers ce bord du désir : « on ne le voit que par temps clair ». DV
Rodolphe Auté (1970, Fr)