Mathieu Provansal
L'art d'accomoder les restes
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Réaliser des empreintes au crayon à partir de collages déjà existants présente à notre avis deux avantages. Le premier est évidemment quantitatif, puisque, d’un seul dessin, on en fait deux : c’est à peine si l’on peut encore parler de prolixité, à ce train. Le second avantage est qualitatif, puisque du même on peut obtenir, sinon une infinité, au moins une variété par les façons différentes de marquer l’empreinte. Autrement dit, par le traitement graphique de l’empreinte elle‑même, qui en fait ou peut en faire un objet autonome. On se veut méthodique, objectif, et on finit par en mettre partout, de sa subjectivité. Ce n’est rien qu’arbitraire, des relevés pareils, mais, car il y a un mais, cela pourrait laisser penser qu’une chose autre que son objet initial nous intéresse dans le relevé...
L’application d’un matériau graphique, sur le relief si maigre ou bas qu’il soit, a ceci de particulier que la figure apparaît alors de façon transparente dans la graphie ; une espèce de transparence à l’aveugle, puisque par toucher. Nous distinguons, d’une part, le motif que produit l’empreinte, et d’autre part un motif contingent.
C’est une graphie optimisée, comme dans ces saynètes de dessins animés au cours desquelles un personnage obtient par un simple badigeon un motif construit, détaillé, qui se révèle à mesure du passage de la couleur : faisant apparaître par l’anodin balayage de la surface un paysage au lieu d’une palissade, une porte au lieu d’un mur, où l’adversaire arrivant à fond les manettes se ramasse lamentablement, se l’étant pris en pleine gueule.
Mathieu Provansal est artiste et écrivain (1970, Fr).