Marc Quer
La beauté du geste



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La forme que j’affectionne par commodité est la liste, l’ordre chronologique. C’est le summum de l’absence d’intervention et en même temps tout est minutieusement calculé, comme la pile de linge. La bonne ménagère fait ses piles en fonction des armoires, de la famille, ses enfants, le mari, ses affaires personnelles, quand la pile va tomber une autre monte. Moi, je change de page. Finalement elle a construit inconsciemment un mini-château devant la table à repasser, geste éminemment artistique. Les couleurs, les plis, se mélangent en ligne, en colonne peu importe. Elle ne mélange à aucun moment les torchons et les serviettes. Pour moi c’est pareil. Chacun prend ce qu’il y voit. La juxtaposition fait sens, l’entre-deux et l’accumulation d’entre-deux fait le sentiment diffus, voire l’émotion.   MQ

L'objet se caractérise par la profusion et la prodigalité. Par cette beauté du geste, Marc Quer offre beaucoup au lecteur, le comble de fragments de son activité. L’ouvrage contient en réalité quatre documents distincts, qui constituent autant d'histoires que l'auteur veut rapporter. Travail photographique, Prima linea est un hommage à la fois personnel et universel aux bâtisseurs, aux ouvriers, à ceux qui ont fait nos villes. En compagnie du Père-Noël, le sculpteur nous offre une incursion dans son travail, guide notre oeil. Il entrouvre une porte (Les ça va). Dans le portefeuille de photos, nous trouvons aussi tout ce qu'il nous faudrait pour une vie belle. Le miracle (comme à Lourdes !) est à portée de main. Il devient possible de donner aux objets rugueux, industriels, qui accompagnent la vie du maçon, la force d'être des supports de poésie.   DV

Marc Quer (1965, Fr)