Neïla Czermak Ichti
Repos à nos magiques
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Il y a environ deux ans, un ami m’a demandé : quel est ton monstre de film d’horreur préféré ? Il ne m’a pas fallu une minute pour lui répondre, le monstre dans Alien, le huitième passager, c’est le plus beau et le plus incroyable que j’aie jamais vu, il me tord le cœur.
Peu de temps après, j’ai décidé de regarder le film à nouveau. J’ai été aussi bouleversée par l’Alien Xénomorphe que les fois précédentes. À la fin du film, j’attendais impatiemment les crédits, je cherchais son nom. Il était temps que je sache qui incarnait un de mes personnages préférés. Mon émotion a chuté brusquement et s’est transformée en un pincement sec quand j’ai compris qu’il n’avait pas été crédité avec les autres acteurs, mais avec l’équipe des cascadeurs, la voix de l’ordinateur, le chat du film et son équipe de dressage.
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Quand j’étais enfant et que j’ai vu Alien, je ne m’attachais pas aux noms des acteurs, je tenais seulement compte des histoires et des personnages. Lorsque j’ai vu l’Alien Xénormorphe, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’effets spéciaux, que c’était bien quelqu’un. Il avait l’air si réel, il existait si bien. Avec cet unique rôle au cinéma, et très longtemps avant que j’apprenne son existence, Bolaji Badejo avait touché l’enfant que j’étais et qui aimait rappeler à tout le monde « Mon prénom à l’envers, ça fait Alien ». C’est bien plus tard, devenue jeune adulte, que j’ai découvert qu’il s’agissait d’un étudiant en art, comme moi, à peine plus âgé que moi.
Neïla Czermak Ichti, 2021
(extrait du texte Hommage et paix à Bolaji Badejo)
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Cette première monographie de l’artiste est publiée à l’occasion de son exposition à la galerie Anne Barrault
du 28 août au 9 octobre 2021.
Avec le soutien aux galeries / première exposition du Centre national des arts plastiques et de la galerie Anne Barrault.